Faut-il réguler les ventes de grumes ?

C'est maintenant un sujet récurrent, la croissance des exportations de bois non-transformés inquiète les industriels, qui voient là partir une matière première précieuse vers des pays émergents, dont les bas coûts de main d'oeuvre leur permettent de payer le produit de base plus cher, tout en vendant le produit fini moins cher. En France, ce phénomène concerne principalement le chêne et le hêtre. Selon la Fédération Nationale du Bois (FNB), la Chine elle-même favorise les importations de bois bruts, taxés à 8%, tandis que les sciages et les parquets sont taxés à 20%.

La demande croissante des pays émergents provoque logiquement une hausse des prix, estimée de l'ordre de 20% sur le chêne et de 15% sur le hêtre. Les industriels européen de la première et de la deuxième transformation souffrent bien sûr de cette tension des cours. Comme ils souffrent des produits transformés qui reviennent de ces pays et qui bénéficient de coûts de main d'oeuvre bas et de l'image PEFC des bois d'origine europénne.

Si la FNB pointe le problème de manière très précise, elle se garde bien de proposer des solutions précises. Et pour cause ! Il est très difficile de réguler un tel marché. Déjà, bon nombre de sociétés de pays émergents achètent via des entreprises européennes d'autres pays, rendant compliqué le traçage des acheteurs. La fermeture des exportations pourrait amener d'autres pays à pratiquer de même vis à vis de nous et la France importe aussi beaucoup de bois bruts. La régulation par l'Etat viendrait certainement nuire à la fluidité des échanges et à la répercution des baisses. La meilleure solution reste sans doute la sensibilisation des consommateurs aux produits transformés en France. Mais quand les prix vont du simple au double, l'acheteur n'a souvent pas le choix.